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mémoires du maréchal joffre

la main et me dit : "Bravo !" Puis, tout deux, le plus tranquillement du monde, nous examinâmes les premières mesures qui seraient à prendre si la menace de guerre se précisait.

Ce qui rendait fort délicate notre situation, c'était l'absence du gouvernement : le Président de la République et le Président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, étaient en effet en Russie. Il en résultait pour les membres du cabinet restés à Paris une lourde responsabilité.

Aussi suis-je obligé de dire qu'une certaine nervosité régna dans les sphères officielles pendant ces quelques jours.

Samedi 25 juillet. — C'est ainsi que le 25 juillet, à 22 heures, aussitôt que le ministre de la Guerre apprit la rupture des relations entre la Serbie et l'Autriche, il fut envoyer directement, et sans me consulter, par son chef de cabinet, le général Guillaumat, un télégramme donnant l'ordre de rappeler les généraux et les chefs de corps absents de leurs garnisons.

Dimanche 26 juillet. — Lorsque j'appris, le lendemain matin, cette décision du ministre, j'estimai nécessaire, afin de préciser mes responsabilités, de rappeler au ministre qu'il existait un document fixant par ordre chronologique les diverses mesures à prendre en cas de tension politique. Ce document avait été médité avec soin, établi dans le calme, en prenant la question dans son ensemble, afin de nous mettre à l'abri de toute improvisation nécessairement défectueuse. Aussi, lorsque avant le Conseil de cabinet qui se tint le 26 à 11 heures du matin aux Affaires étrangères, je fus reçu par le ministre de la Guerre, je me permis d'insister avec fermeté auprès de lui sur la nécessité de nous en remettre à l'exécution stricte des diverses mesures prévues dans les Annexes II et II bis à l'Instruction sur la préparation à la mobilisation[1]. M. Messimy

  1. Cette instruction, en date du 15 février 1909, avait été remise à jour le 4 avril 1914.