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connaître que l'esprit de la nation semblait opposé à une intervention militaire aux côtés de l'Autriche, et que les derniers événements avaient, au contraire, amené un mouvement marqué en notre faveur. Quatre classes de réservistes étaient rappelées pour le 1er août.

En somme, le 30, en comparant les mesures prises en France et celles que nous savions déjà réalisées en Allemagne (ce qui constituait un minimum), nous constations que, si en France et en Allemagne les permissionnaires et les troupes absentes de leurs garnisons avaient été rappelés, si les ouvrages d'art étaient dans les deux pays à l'abri d'un attentat, par contre l'Allemagne avait pris une forte avance par les mesures suivantes :

Dispositions de couverture renforcée des VIIIe, XVIe, XXIe et XVe corps d'armée ;

Installation à proximité de la frontière de troupes de couverture occupées à l'exécution de travaux de fortification de campagne, et installation de batteries ;

Armement des places de la frontière, déboisements, construction de batteries intermédiaires et extérieurs, réseaux de fil de fer, répartition des munitions, renforcement en matériel ;

Rappel de réservistes par convocation individuelle ;

Rappel des réservistes des classes 1903 à 1911, demeurant à l'étranger ;

Convocation des officiers de réserve ;

Gares occupées militairement ;

Routes de France barrées et gardées.

Les chances de guerre me paraissaient maintenant si nombreuses, que je décidai de constituer, sans plus attendre, le noyau de mon futur grand quartier général, et, en particulier, de réunir les officiers du Bureau des opérations ; de cette façon, ils pourraient suivre les événements dès leur origine. Ce fut donc le 30 juillet que je convoquai les officiers qui devaient en faire partie, et ce fut le lendemain 31, dans la Salle des Maréchaux du ministère de la Guerre, qu'il commença de fonctionner. Le général Berthelot, Aide-Major chargé des opérations, avait sous ses