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ultimatum allemand a la russie

ordres le colonel Pont et un certain nombre d'officiers parmi lesquels Maurin, Brécard, Fétizon, Bel, Alexandre et Buat.

Vendredi 31 juillet. — Toute la matinée du 31 fut consacrée à un long Conseil des ministres, qui dura de 9 heures à midi ; il n'y fut question que des mesures financières envisagées en vue des graves événements que l'on voyait se rapprocher.

Cependant, il était manifeste que les négociations tournaient définitivement mal, et j'étais anxieux de voir enfin la couverture tout entière en place, en attendant la mobilisation totale qui ne pouvait plus tarder. Je savais que M. Viviani hésitait toujours ; par contre, M. Poincaré paraissait plus résolu à prendre ces décisions nécessaires.

Or, vers 14 heures, nous apprîmes la nouvelle de l'ultimatum adressé le 29 juillet dans l'après-midi par l'Allemagne à la Russie.

Dans ces conditions, mon devoir était de mettre nettement le gouvernement en face de ses responsabilités. Je rédigeai donc une note qui faisait été des derniers renseignements reçus ; je remis cette note à 15 h. 30 au ministre de la Guerre au moment où il partait pour le Conseil des ministres, en le priant d'en donner connaissance au Conseil ; cette note était conçue :

"Les mesures prises jusqu'ici suivent de loin les mesures analogues prises par les Allemands, surtout depuis quarante-huit heures.

"Ils continuent. Non contents d'avoir mis en place les éléments de couverture sur toute la frontière, les gros des VIIIe, XVIe, XXIe, XVe et XIVe corps ont été réunis à proximité de la frontière ; d'autre part, des mouvements de troupes par voie ferrée, venant des territoires des XIe et XVIIIe corps, semblaient indiquer un renforcement de la couverture.

"Des appels de réservistes ont eu lieu, et des achats et réquisitions de chevaux se produisent un peu partout.

"En l'état actuel, il ne nous est plus possible de procéder