Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
226
mémoires du maréchal joffre

tenait, on apprit que le gouvernement italien avait décidé de garder la neutralité en cas de conflit, en restant fidèle à convention secrète Prinetti-Delcassé de 1902. Aussitôt que cette nouvelle importante me parvint, c'est-à-dire vers 10 heures du matin, je fis envoyer aux 14e et 15e corps d'armée des instructions complémentaires leur prescrivant que, si la mobilisation générale était ordonnée, les troupes de couverture du sud-est resteraient dans leurs lieux de mobilisation, prêtes à être embarquées pour le nord-est.

Ce fut également pendant ce Conseil que M. Viviani alla recevoir l'ambassadeur d'Allemagne qui devançait le rendez-vous demandé par lui la veille. Lorsqu'il revint prendre sa place parmi ses collègues, M. Viviani ne cacha pas que malgré les vagues assurances données par M. de Schœn, il se rangeait à mon avis, et était prêt, en présence des dangereux préparatifs allemands, à signer l'ordre de mobilisation générale. Toutefois, pour conserver jusqu'à la dernière minute la possibilité d'un arrangement, le président du Conseil demanda au ministre de la Guerre de garder cet ordre entre ses mains jusqu'à l'extrême limite de temps qui permettrait de fixer au 2 août minuit le premier jour de la mobilisation.

L'ordre fut signé de MM. Poincaré, Viviani, Augagneur et Messimy et confié à ce dernier.

A 15 h. 30, l'heure fatale étant arrivée, j'envoyai le général Ebener le chercher. A 15 h. 55, les télégrammes préparés étaient déposés au bureau central des postes et télégraphes de la rue de Grenelle et expédiés immédiatement dans toute la France : "Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août."

Peu de temps après, je communiquai l'ordre de mobilisation au 4e bureau, pour qu'il fût immédiatement transmis aux Commissions de réseau.

Presque aussitôt après, par un scrupule de conscience sans doute, le ministre me demanda de rappeler l'interdiction formelle pour tous les détachements de dépasser la ligne que j'avais fixée le 30 juillet. Le soir même, vers 10 heures, sur la demande expresse du Président de la