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galliéni appelé a paris

cette visite, je lui appris cette désignation dont il venait d'être l'objet sur ma demande, et qu'il ignorait encore, lui disant ma satisfaction de cette marque de confiance qu'il venait de recevoir.

Peu de temps après cette visite, le ministre me fit pressentir au sujet de la place que la général Galliéni devrait occuper : à côté de moi au grand quartier général ou bien à Paris. Je répondis que la première solution ne me semblait pas convenir. J'avais été le subordonné de Galliéni à Madagascar ; il était à son tour devenu le mien ; en sorte que sa présence sans attributions définies à mon quartier général pouvait être gênante pour nous deux. Cela ne m'empêchait pas de penser que sa fermeté de caractère et son autorité sur les commandants d'armée feraient de lui un excellent commandant en chef le jour où il aurait toutes les responsabilités de ma charge et la liberté du choix de ses conseillers. Pour toutes ces raisons, je fis connaître au ministre que je ne désirais pas la présence du général Galliéni à mes côtés.


Lundi 3 août. — L'attitude de l'Angleterre ne laissait pas de nous inquiéter. Il semblait bien qu'elle nous avait promis l'appui de sa flotte. Mais jusqu'où irait cet appui ? En particulier, nos côtes désarmées du Nord seraient-elle mises à l'abri d'un débarquement ? Question d'importance sur laquelle nous n'avions encore que des renseignements trop vagues. Aussi, dès le 3 au matin, j'envoyai un de mes officiers[1] au ministère de la Marine pour s'y renseigner. Il y apprit que la flotte britannique avait reçu l'ordre de couvrir nos côtés de la Manche et de la mer du Nord, et qu'en Méditeranée, la flotte anglaise en liaison avec la nôtre, recherchait les deux croiseurs allemands qui venaient de bombarder nos côtes d'Algérie.

Lorsque je reçus ces importances nouvelles, je n'eus plus de doute que l'Angleterre nous apporterait aussi bien sur terre que sur mer le concours que nous espérions, car

  1. Le lieutenant-colonel Brécard, du 3e bureau du G. Q. G.