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mémoires du maréchal joffre

qu'au point de vue moral, une manifetsation militaire d'appui..."

Je comprenais, certes, l'importance de cet appel ; mais dans l'état de groupement de nos forces, quel appui pouvions-nous donner à l'armée belge ? Seul, le corps de cavalerie pouvait faire immédiatement quelque chose. Je lui envoyai donc, dès le début de cet après-midi du 7 août, l'ordre de se porter vers le nord, en lui indiquant qu'il y aurait intérêt au double point de vue moral et diplomatique à entamer dès le 8 août, s'il estimait l'occasion favorable, "une vigoureuse action" conre l'adversaire.

Cette action paraissait d'ailleurs d'autant plus utile et probable que nos organes de renseignements nous signalaient en face de Liége des éléments de six corps d'armée précédés de gros effectifs de cavalerie das la région de Marche et orientés vers Dinant et Givet.

D'autre part, l'infanterie du 2e corps d'armée française tenait les passages de la Meuse au sud de Namur en liaison avec l'infanterie belge.

Dans l'état actuel, c'est là tout ce que nous pouvions faire.

Bientôt, me parvint du ministère l'avis qu'il était question d'un armistice entre les armées belges et allemandes : le Président de la République demandait que j'intervienne directement auprès du commandant de l'armée belge pour donner mon avis. Je m'empressai de faire savoir à ce dernier par l'entremise de notre attaché militaire que j'estimais nécessaire de répondre par un refus à la demande d'armistice présentée par les Allemands.

Le sentiment d'insécurité et d'inquiétude qui nous venait de la situation en Belgique, malgré qu'elle se fut précisée dans une certaine mesure, s'aggravait par la difficulté que j'éprouvais à être renseigné sur les événements qui s'y déroulaient. En voici un exemple : dans cette journée du 7 août, nous reçûmes la nouvelle de la chute de la moitié des forts de Liége ; le renseignement était d'importance et semblait avoir toutes garanties d'authenticité. Or, le soir même, nous apprîmes, cette fois-ci de source belge, qu'aucun