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velle qui me permettait d'espérer que nos alliés anglais pourraient participer à nos côtés à la première bataille.


Jeudi 20 août. — La situation, en ce matin du 20, me semblait favorable dans son ensemble. En effet, la réunion des forces franco-anglaises s'achevait dans de bonnes conditions, avant la prise de contact avec l'ennemi. Nous étions toujours sans nouvelles de Liége que nous étions, par conséquent, en droit de croire toujours en mesure de résister. Namur allait recevoir l'appoint d'une de nos divisions de réserve. La 5e armée s'était lentement rassemblée entre la Sambre et la Meuse, prête à réaliser la manœuvre projetée, quelle que soit la décision prise. Au centre la 2e armée avait occupé Dieuze et poussé des avant-gardes à Morhange et à Delme ; il est vrai que nous n'avions pu déboucher de la région des Étangs. Notre 1re armée était en contact avec une position organisée qu'elle se disposait à attaquer au delà de Sarrebourg. Enfin, l'armée d'Alsace avait, après un combat, réoccupé Mulhouse.

Je pus donc donner une note de confiance au ministre, en lui télégraphiant un compte rendu vers 8 h. 45. Ce devait être la dernière bonne nouvelle que j'allais pouvoir donner avant longtemps. En effet, peu de temps après l'envoi de ce télégramme, les mauvaises nouvelles allaient se succéder sans trêve au G. Q. G. En ce qui me concerne, cette date est importante dans mon souvenir, car elle marque le renversement d'une situation que jusqu'alors nous avions pu, malgré certains incidents, considérer comme avantageuse.

Vers 16 heures, je reçus du général de Castelnau la nouvelle qu'il était violemment contre-attaqué sur tout son front et qu'il était obligé d'envisager un repli sur Donnelay, Marsal et le Grand-Couronné ; il reportait son Quartier Général sur Nancy. A la fin de la journée, nouveau télégramme : la 2e armée allait se dérober au cours de la nuit et se reporter sur la ligne indiquée.

De son côté, le général Dubail me faisait savoir que sa