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mémoires du maréchal joffre

lerie allemande importantes, mais trop faibles néanmoins pour arrêter nos alliés.

Il s'agissait donc, d'une part, d'accrocher avec la gauche de Franchet d'Esperey la partie de la Ire armée allemande qui lui faisait face, de pousser dans le vide que je viens d'indiquer l'armée anglaise en lui faisait franchir successivement le Grand-Morin, le Petit-Morin et la Marne, tout en accentuant, d'autre part le mouvement enveloppant de Maunoury, orienté non plus sur Château-Thierry, mais plus au nord sur la rive droite de l'Ourcq. C'est dans cet esprit que j'adressai aux trois armées de gauche, dans l'après-midi du 7, une directive qui leur faisait connaître mes intentions[1].

Pendant ce temps, la bataille se présentait sous de moins favorables auspices à notre centre et à notre droite.

La gauche de l'armée Foch solidement étayée par la droite de Franchet d'Esperey contenait dans la région Soizy-au-Bois, Mondement, tous les assauts de l'ennemi ; mais, par contre, sa droite cédait du terrain depuis le début de la bataille : elle perdait Fère-Champenoise, et se trouvait, le 8 au soir, sur la ligne Semoine, Gourgançon, Corroy, ce qui représentait un recul de douze kilomètres. Ce fait était grave surtout parce qu'il augmentait l'intervalle déjà grave qui séparait la droite de Foch de la gauche de l'armée de Langle. J'avais appelé, dès le 6, l'attention du commandant de la 4e armée sur la nécessité de conserver de fortes réserves derrière sa gauche, pour être en mesure de contre-attaquer les forces ennemies qui chercheraient à déborder l'aile droite de Foch. C'est dans ce but que j'avais

  1. Accessoirement, dans le but de mieux coordonner les actions de la 6e armée qui s'éloignait de plus en plus de Paris, je fis envoyer le 7 au matin un télégramme au Gouverneur de Paris pour lui faire connaître que j'adresserais dorénavant mes ordres directement au général Maunoury. Un double de mes instructions à la 6e armée devait être envoyé au Gouverneur de Paris. Cette solution s'imposait. J'avais déjà été amené à plusieurs reprises, pour gagner du temps, à envoyer des ordres directement au commandant de la 6e armée, notamment l'Ordre général n°6 du 4 septembre prescrivant la reprise générale de l'offensive.