équivalait à ouvrir la France à l'invasion étrangère.
Le ministre décida de passer outre à ces protestations. Un décret en date du 6 février 1912 fit passer un certain nombre de batteries de côtes dans les régiments à pied. Et, pour bien marquer mes intentions, je fis organiser tout de suite un régiment. Ce régiment, constitué à Rueil sous le commandement du colonel Beyel, fut doté provisoirement du matériel de Bange, transporté par des moyens hippomobiles de fortune, et servi par le personnel de quelques batteries de côtes désaffectées. Ultérieurement, une partie de ce régiment fut mise à la disposition du général Foch, alors commandant du 20e corps d'armée, pour l'organisation, ébauchée à cette époque, du Grand-Couronné de Nancy.
Au début de janvier 1912, M. Messimy fut remplacé au ministère de la Guerre par M. Millerand. Ce fut ce dernier qui allait donc avoir à poursuivre l'exécution du plan de son prédécesseur.
En février, les ateliers de Puteaux présentèrent un 120, et un matériel à double calibre de 75/120. Ni l'un ni l'autre ne furent reconnus satisfaisants.
Dans les premiers jours du mois suivant, les établissements Schneider présentèrent un obusier de 105 construit pour la Bulgarie. Les expériences techniques eurent lieu à Calais en présence du ministre ; j'y assistais également ; elles donnèrent toute satisfaction. Ce matériel répondait exactement aux conditions du programme. La Commission proposa qu'une batterie que l'on commanda sur-le-champ, fût expérimentée à Mailly et aux manœuvres d'automne.
En raison du court délai laissé aux concurrents, le Creusot n'eut pas le temps d'étudier, pour le canon long demandé par le programme, un matériel original ; il se contenta de nous présenter un canon de 106 millimètres 7 récemment adopté par la Russie. Les tirs d'essais de cette pièce furent satisfaisants, mais ce matériel s'écartait sensiblement des conditions du programme, notamment en ce qui concernait la puissance et la portée. Il fut donc refusé par l'unanimité de la Commission, moins deux voix dont celle du président, le général de Lamothe.