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Les camps d'instruction

de la mise en oeuvre immédiate du programme arrêté".

M. Millerand se rendit volontiers à mes instances, et quelques jours plus tard, il informait les Finances que, pour l'exercice 1913, il fallait ajouter à la somme déjà prévue pour les dépenses hors budget celle de 13 millions demandée pour les camps d'instruction. En outre, sur l'insistance de M. Millerand, les 2 millions pour Coëtquidan purent être acquis avant la clôture de l'exercice 1912.

Malgré l'aide énergique que je trouvais auprès du ministre de la Guerre, l'allocation pour 1913 put seulement être portée à 7 350 000 francs. En ce qui concerne la dotation de 20 millions demandés pour 1913, le montant en fut incorporé dans les demandes qui aboutirent au programme de 420 millions dont j'ai déjà parlé. On sait quel fut le sort de ce programme et que, sur autorisation unanime de la Commission des finances du Sénat, les ministres de la Guerre et des Finances furent autorisés, dès le 24 février, à engager par anticipation une somme de 72 millions. Le 26 février, le ministre de la Guerre notifiait aux services intéressés les sommes que chacun d'eux était autorisé à engager immédiatement. C'est de cette manière qu'il fut possible de consacrer, en 1913, 7 350 000 francs aux camps d'instruction.

Cependant tous ces retards avaient eu pour le Trésor des conséquences déplorables. Malgré les précautions prises, dans toutes les régions où des achats de terrain avaient été envisagés, le bruit s'en était répandu ; la spéculation s'était abattue sur ces régions. Pour le camp de Coëtquidan, par exemple, les terrains avaient été évalués de 500 à 800 francs l'hectare ; lorsque les 2 millions nécessaires furent accordés en fin 1912 pour acheter ces terrains, l'administration de la Guerre dut payer des indemnités beaucoup plus élevées et hors de proportion avec l'évaluation du début. De ce fait, les crédits péniblement obtenus ne nous permirent point d'acquérir tous les terrains que nous avions en vue, et il devint nécessaire de répartir notre programme sur un plus grand nombre d'années.