Garde impériale, fit les campagnes de Russie et de Saxe, et fut incorporé au 14e de ligne, en 1814. Des vélites, tirés des fusiliers-grenadiers furent
aussi attachés au service du prince Borghèse, à Turin, et du prince
Eugène, à Milan.
On forma d'abord les vélites à Saint-Germain-en-Laye, puis à Ecouen et
à Fontainebleau, où Bourgogne suivit les cours d'écriture,
d'arithmétique, de dessin, de gymnastique, destinés à compléter
l'instruction militaire de ces futurs officiers, car, après quelques
années, les plus capables étaient promus sous-lieutenants.
Au bout de quelques mois, Bourgogne montait, avec ses camarades, dans
les voitures réquisitionnées pour le transport des troupes ; la
campagne de 1806 allait commencer. Elle le conduit en Pologne où il
passe caporal (1807). Deux ans après, il prend part à la sanglante
affaire d'Essling, où il est deux fois blessé[1]. De 1809 à 1811, il
combat en Autriche, en Espagne, en Portugal ; 1812 le retrouve à Wilna,
où l'Empereur réunit sa Garde, avant de marcher contre les Russes.
Bourgogne était devenu sergent.
On doit à M. de Ségur une relation de la campagne de Russie; son éloge
n'est plus à faire. Seulement, pour nous servir d'une expression
courante, elle n'est point vécue, et elle ne pouvait l'être. Attaché
à un état-major, M. de Ségur n'avait point à endurer les souffrances
des soldats ni des officiers de troupe, celles qu'on tient,
maintenant à connaître dans leurs plus petits détails. Elles font le
grand intérêt des Mémoires de Bourgogne, car c'est un homme sachant
voir, et rendre d'une manière saisissante ce qu'il voit. Il ne le cède
point, sous ce rapport, au capitaine Coignet que Lorédan Larchey a
fait revivre : ses Cahiers, devenus classiques en leur genre, ont
inauguré une serie nouvelle de
[Note 1: Il fut blessé à la jambe et au cou. La balle, entrée dans
le haut de la cuisse droite, ne put être extraite. Dans ses derniers
jours, elle était descendue à 15 centimètres du pied.]
Il avait donc été un peu partout, et partout il avait noté ce qu'il
voyait. Quel trésor pour l'histoire intime de l'Armée, sous le premier
Empire, s'il a vraiment laissé quelque part, comme un passage de son
livre paraît en exprimer le dessein[2], des Souvenirs complets ! Mais
nos renseignements à cet égard ne permettent point de l'espérer.
[Note 2: Voir p. 282.]