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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/360

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ciété agréable et instructive a fait mon bonheur pendant mon séjour en France.

» Mais, quoique je n’aie pu quitter sans regret votre aimable nation, j’ai fait sagement de revenir dans mes foyers. Je suis ici dans ma niche, dans ma propre maison, au sein de ma famille. Ma fille, mes petits-enfans sont autour de moi, mêlés à mes vieux amis et aux enfans de mes amis, qui tous ont pour moi le même sentiment et les mêmes égards. Nous parlons tous la même langue ; et vous savez que l’homme qui désire le plus d’être utile à ses semblables, par l’exercice de son intelligence, perd la moitié de sa force dans un pays étranger, où il est obligé de se servir d’une langue qui ne lui est pas familière. Enfin, ce qui est plus encore, je jouis ici des moyens et des occasions de faire du bien, et de tout ce que je puis désirer, à l’exception du repos. Et le repos même, je puis l’espérer bientôt, soit de la cessation de mon office de président, qui ne peut pas durer plus de trois ans, soit en quittant la vie.

» Je suis toujours de votre opinion contre les douanes dans les pays où les taxes directes sont praticables. Ce sera notre situation, quand notre immense territoire sera rempli d’habitans ; mais à présent les habitations y sont séparées par de si grandes distances, souvent à cinq ou six milles les unes des autres, dans les parties intérieures, que la collecte d’une taxe directe nous est presque impossible, les frais nécessaires pour payer un col-