Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/322

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Les dieux du ciel sont invoqués à ciel ouvert ; leur culte est public parce que leur action est visible au grand jour, leurs temples sont ouverts par en haut, et on ne les prend pas à témoin dans un endroit fermé. Le dieu de la lumière et de l’harmonie, le dieu prophète, n’a pas de mystères ; son temple est toujours ouvert, et chacun peut l’interroger. Le dieu des transitions et des échanges, le dieu commun à tous, n’a pas de temples ; mais sa statue est dans tous les carrefours, et son culte est mêlé à celui de tous les autres dieux, comme celui de la vierge Hestia, la pierre du foyer. La déesse politique de la civilisation, la vierge active, au génie pratique, règne sur les acropoles, d’où elle protège les cités. Le dompteur des monstres, le héros divin qui a conquis le ciel par son courage, est honoré par les luttes viriles et les jeux sacrés. Mais les déesses souterraines, dont l’action est cachée, ne peuvent être invoquées que dans un endroit fermé, μεγαρον ; elles font germer les plantes et les font rentrer sous terre, elles tiennent les clefs de la vie et de la mort, et comme elles gardent leur secret dans un silence éternel, les cérémonies symboliques qui représentent leur action mystérieuse doivent s’envelopper aussi d’ombre et de silence.

Depuis que Prométhée a ravi le feu du ciel, les dieux ont caché les sources de la vie : « L’homme est devenu semblable à l’un de nous, disent les Elohim de Chaldée, prenons garde qu’il ne mange de l’arbre de vie et qu’il