Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/179

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LE SOIR.



Plus fraîche q’un parfum d’avril après l’iver,
L’Espérance bénie arive et nous enlace,
La menteuse éternèle, avec son rire clair
Et ses foles chansons qi s’égrènent dans l’air.

Mais come on voit, la nuit, sous le flot noir qi passe
Glisser les pàles feus des étoiles de mer,
Tous nos rèves ailés, dans le lugubre espace
Disparaissent, à l’eure où l’Espérance est lasse.

En vain on les rapèle, on tend les bras vers eus ;
Les fantômes chéris s’en vont, silencieus,
Par le chemin perdu des paradis q’on pleure :

Ah ! mon ciel était là, je m’en suis aperçu
Trop tard, l’ange est parti, j’ai laissé passer l’eure,
Et maintenant tout est fini : Si j’avais su !