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DES HISTOIRES

Marthe Veyrès posa le carton à plat sur son buvard. La plume aux doigts, elle se mit à le regarder fixement comme si déjà elle y pouvait lire les mots qu’elle allait tracer tout à l’heure — les quelques mots où tiendrait en puissance toute sa destinée. Elle eut peur. Il lui semblait inacceptable, hallucinant, que ces signes dont on se sert tous les jours, que ces mêmes paroles que l’on prononce en mille circonstances diverses pussent tout d’un coup, groupés d’une certaine façon, dites dans une conjoncture spéciale, acquérir ce pouvoir énorme, presque maléfique. Et que ce pouvoir dût s’exercer à son sujet dût s’exercer pour elle ou contre elle, selon qu’elle en aurait décidé sans le savoir, à l’aveuglette, cela lui paraissait inique.

Elle repoussa un peu la carte, atteignit l’enveloppe, y mit l’adresse.


Claude… Claude Esmond. Cela prenait

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