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LA SAISIE

« Elle referma l’armoire, expliquant :

« — C’est défunt mon mari qui l’avait faite ; il était charpentier.

« Puis elle me désigna les chaises ; machinalement, je les groupai devant l’armoire ; mais comme je tirais à moi la toute petite chaise, disloquée, bancale, minable, le plus jeune des enfants se mit à crier. C’était sa chaise, à lui. Il ne voulait pas qu’on la prenne, il ne voulait pas !

« Sa maman se pencha sur lui pour le calmer ; et tout d’un coup, ce ne fut plus une femme courbée seulement, mais une femme cassée en deux, si bien cassée qu’on pouvait douter qu’elle ait jamais la force de se relever. Je compris pourquoi on l’appelait Bonnefemme Zaza.

« Alors, il se passa quelque chose que je n’ai jamais réussi à m’expliquer jusqu’à présent. Riez, si vous voulez ; moi je n’avais pas envie de rire. Je sentis que je ne pourrais jamais opérer cette saisie-là. Pourquoi ?

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