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LE TRIOMPHE DU REVE

elle ne le croyait plus capable de battre.

Un roman ! Dans sa mémoire passaient de grands noms : Maryan, Raoul de Navery Pierre Maël, des demi-dieux à qui elle avait voué un culte. Romancier, Père ?… C’était trop beau. Père ?…

Père ne tarissait pas. Il accumulait les démonstrations, les arguments, les considérations de tout ordre. Il finit par déclarer :

— Du reste, j’ai déjà mon sujet.

Et il le raconta tout de go.

Bien entendu, il n’indiquait pas quelle large part y tenaient ses souvenirs : souvenirs vécus ou souvenirs rêvés. Il ne disait pas que c’était le roman qu’il eût souhaité vivre à vingt ans… et que, octogénaire, il regrettait peut-être de n’avoir pas vécu ? Qui sait ? le passé se soude si parfaitement au présent.

Il racontait bien, pris par son sujet, chaleureux, persuasif, vibrant ou douloureux tour à tour.

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