Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/10

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Mais, dans l’orgie effroyable des rumeurs et des imprécations, ce qui perforait les oreilles, c’était son coup de sifflet, suraigu.

La Feuille ! Zo d’Axa ! Je l’ai lu, parfois avec colère. Je ne comprenais pas. Je ne voulais pas comprendre. Qu’est-ce qu’il demandait ce pamphlétaire fulgurant, qui n’était ni dreyfusard, ni antidreyfusard, ni ceci, ni cela ; qui échappait à toute classification ; qui se plaçait en dehors des partis, des groupements, des chapelles ? Qu’est-ce qu’il nous apportait ? Simplement ceci : l’affirmation d’un homme qui aspirait à se réaliser pleinement, dans l’amour de la vie, avec la Vérité pour seule compagne. Il lui suffisait de jeter son cri, « à toute occasion » ainsi qu’il s’exprimait avec joie, avec certitude, avec rage. Et ses Feuilles s’envolaient, « légères ou graves », se tenant, se complétant, « selon le scénario de la Vie, chaque heure expressive ».

De tels cris heurtaient souvent les intelligences, et tordaient les nerfs. Le polémiste s’improvisait « l’Évadé des galères sociales ». Il se refusait « à monter dans les bateaux pavoisés de la religion et de la patrie ». Il ne voulait pas davantage s’embarquer sur le « radeau sans biscuits de la Méduse humanitaire ». Il ajoutait que l’idée de révolte n’était pas « une foi destinée à tromper encore les appétits et les espoirs ». Alors ? Il était seul, implacablement « seul », et repoussait tous disciples. Comment le suivre ? L’En-Dehors. Il était l’En-Dehors. Cela signifiait qu’il entendait marcher à sa guise, sans appuis, sans béquilles, armé de sa Vérité à lui. Et il interrogeait, gouailleur : « As-tu compris, citoyen ? »,

Ainsi lancé dans la bagarre, Zo d’Axa, l’individua-