Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/100

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la tête de biais, pitoyable, mais, d’une impeccable correction vestimentaire.

Où allait-il ? À Saint-Sulpice où le curé l’attendait. À Saint-Séverin. À Saint-Germain-des-Prés. Ailleurs encore. Il connaissait toutes les sacristies. Parfois, il entrait au séminaire de la place Saint-Sulpice, en revenait avec quelques menus travaux de copie — généralement de vieux manuscrits en latin — qu’il repassait à d’autres, moyennant quelques sous. Et à ce petit jeu-là, il se faisait une soixantaine de francs par semaine, mettait de l’argent de côté.

Il ne hantait pas seulement les curés qu’il visitait périodiquement à jour fixe. Muni de recommandations, il se présentait chez des écrivains notoires, chez des artistes ou des hommes politiques bien pensants. Ces démarches lui valaient la thune, pour le moins. Et, chaque jour, il agrandissait le nombre de ses protecteurs. En somme, sa besogne de tapeur professionnel lui prenait quelques heures dans la matinée.

Sa journée promptement terminée, on le voyait flâner très bourgeoisement, dans les allées du Luxembourg, sur le boul’‑Mich, louchant du côté des femmes. Celui-là faisait ses deux repas par jour, dans un restaurant. Ce petit vieux jeune homme malheureux était le plus veinard de la bande.

Il affectionnait particulièrement François Coppée. Ce dernier ouvrait volontiers sa porte et sa bourse. Ce que le bon poète a pu être estampé, roulé !

Et qu’on me permette d’ouvrir une parenthèse. Il y avait, à ce moment-là, parmi les phénomènes