Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/118

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Je n’ajouterai pas qu’on était « piètre et sans génie », car on était plutôt persuadé du contraire. Il y a un âge où l’on ne doute de rien. Et l’on se gargarisait également du Rimbaud — l’enfant terrible. On… crachait vers le ciel.

Avec l’assentiment des grands héliotropes.

D’autres maîtres, aussi, nous envoûtaient. Tristan Corbière, le rude poète des Amours jaunes, l’auteur de ce quatrain inoubliable sur Victor Hugo :

Hugo, l’homme apocalyptique,
L’homme « Ceci tuera cela ! »
Meurt, garde national épique,
Il n’en reste qu’un : celui-là !

Et Charles Cros ! Et le puissant, touffu, immense, marécageux Verhaeren. Mais par-dessus tout et tous, Verlaine. Encore Verlaine. Lui ! Toujours lui !

Monatte ne buvait point. C’était le seul sérieux, au fond, de la bande, et ses allures contrastaient avec le débraillé général. Il se cherchait. Que voulait-il ? Un jour, il me confia :

— Il paraît qu’on demande un secrétaire de rédaction à La Plume. Je vais voir ça.

Il le fit comme il disait. Il expliqua très simplement au directeur de la revue (Karl Bos, je crois) qu’il possédait une connaissance approfondie de la poésie et des poètes contemporains, doublée d’une culture étendue. L’autre promit, prit bonne note. Mais il n’y eut rien de fait. Monatte n’entra pas à La Plume.