Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/224

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fait pendre, sous la Révolution, je ne sais quel ennemi du peuple à un « bec de gaz ». Mais Jaurès, lui-même, avait fait casser la tête du gouverneur de la Bastille d’un coup de « revolver ». Lapsus amusants, mais fréquents et très explicables.

Ajoutez à cela qu’Hervé, anticlérical farouche, faisait fort bon ménage avec les curés. Il professa quelque temps, deux années, je crois, au petit séminaire de Lesneven où, seul, le professeur d’histoire était un laïque. Quand il lui arrivait de ressusciter ces heures de sa jeunesse, il nous disait avec attendrissement les longues parties de boules jouées avec les prêtres. Les hommes d’Église l’aimaient beaucoup.

Voilà donc l’homme antipatriote, antimilitariste, avec la passion des choses militaires ; anticlérical, bouffeur de curés et tout à fait à son aise dans la compagnie des ecclésiastiques. J’ai toujours pensé que ses incartades révolutionnaires, ses pétarades d’insurrectionnel, ce fut en quelque sorte comme le jet de gourme d’un homme studieux, austère, casanier, un peu timide devant la vie. Erreur de jeunesse qui s’est poursuivie fort tard, dans l’âge mûr. Il devait, fatalement, revenir à ses goûts et à son naturel.

Et puis, le pédagogue a toujours dominé chez lui. Ah ! celui-là est terrible, ne lui laisse aucun répit.

Hervé faisait le cours d’antipatriotisme et de révolutionnarisme, en plusieurs leçons. Un cours complet, détaillé. Après quoi, il se lança dans une autre leçon, oubliant complètement la première, sans se soucier le moins du monde des contradictions. Le