Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/251

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une flétrissure Il fit le tour du département. Et, bientôt, un grand congrès électoral se tenait au Luc où se précipitaient tous les délégués des communes. Mon père l’emporta haut la main. Il fut décidé que la bataille se livrerait contre le président du Conseil et sa politique.

Ça allait mal, très mal pour Clemenceau.

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Quand il connut ces incidents, Clemenceau entra dans une violente fureur. Il fit appeler le préfet et lui « lava la tête ». Coûte que coûte, il fallait battre les deux sénateurs sortants, Méric et Sigallas.

Le ministre ne voulait plus se souvenir que, s’il avait été élu sénateur et s’il détenait le pouvoir, il le devait, avant tout, à l’influence et à l’intervention de mon père. Il aurait pu se présenter seul et laisser les autres se débrouiller. Grâce aux moyens dont il disposait, son élection ne faisait pas de doute. Mais sa haine exaspérée lui dicta une autre tactique. Il résolut de constituer une liste de trois candidats et de mettre les délégués sénatoriaux en demeure de choisir.

Pour commencer, il avait déclaré, méprisant :

— Pas de milieu. Eux ou moi. Et, si je le veux, j’inscrirai, sur ma liste, deux cochons… Parfaitement ! Je ferai voter les Varois pour deux cochons…

Il ne prit pas deux cochons. Il se contenta de deux hommes politiques qui avaient nom : Louis Martin et Victor Reymonencq.