Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/263

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rues de Draguignan, ne craignaient point de se montrer avec mon père, savaient à quoi ils s’exposaient.

Cependant, dans les journées qui précédèrent l’élection, les deux adversaires du ministre tout-puissant, Méric et Sigallas, se voyaient entourés et acclamés par la foule. Mais cette foule ne votait point. Elle pouvait, tout au plus, manifester ses sentiments. Elle ne s’en priva point et il y eut quelques jolies bagarres. Les citoyens libres parcoururent la ville en criant : « À bas Clemenceau ! Vive Méric ! Vive Flax ! » (Eh ! oui ! il n’y a qu’à relire les journaux de l’époque ; on verra que je n’invente rien.) Quant aux délégués, ils rasaient les murs, filaient comme des ombres, honteux et craintifs…

Soudain débarqua dans Draguignan un bataillon de policiers en civil, de ceux que Léon Daudet appelle les « hambourgeois ». Jamais l’on n’avait vu autant de gueules sinistres, de moustaches hérissées et de ripatons monstrueux. Les bourriques s’en allaient par quatre sur le pavé, s’installaient aux tables des cafés… Mais ceci n’était encore rien. Deux jours avant la bataille, il apparut, Lui, le Maître. Et avec son escorte ! À sa droite, Gérault-Richard ! À sa gauche, Laberdesque !

Mais, à ce propos (et si cela vous amuse), il faut que j’ouvre une nouvelle parenthèse pour vous présenter rapidement ces deux sympathiques spadassins.