Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/202

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et aux poisons, se bourrer de cocaïne, de morphine, de haschich, d’opium, d’éther ou tout simplement de whisky ou de champagne. Lamentables détraqués, conduits par des nerfs dont ils ne sont plus maîtres, voués à toutes les psychoses. Ah ! elle est propre, votre humanité ! Ce ne sont que crimes, méfaits, abominations, perversions, hystéries. Mais il y a plus encore. Vienne la guerre, la belle guerre, la guerre sainte. Des légions d’abrutis se précipitent, en poussant des hurlements, les uns contre les autres. Carnage sur carnage. Épidémies et famines. Des cadavres entassés sur des cadavres. Ne sentez-vous donc pas toute cette horreur bouillante sur laquelle nous faisons la planche ? Ça, une société ? Allons donc ! Une ménagerie où des fauves encagés ne cessent de se déchirer. Égoïsme et stupidité. Et tout concourt à l’abrutissement, à l’avilissement, à la ruine des hommes, tout : religion, patriotisme, morale, travail, exploitation des uns, servitude des autres, et par-dessus, l’Argent, l’Argent maudit, l’Argent dissolvant, l’Argent source de haines et de douleurs, l’Argent, clé de voûte de la propriété !…

Il continue, haletant, jetant les mots par saccades, dans une rafale d’éloquence impétueuse qui balaie tout devant elle. Je recule encore, ébloui. J’entends : « Ma conscience… abjection… siècle de boue… science libératrice !… » Un instant, je ferme les yeux. Peu à peu la tempête s’apaise. Quelques remous. Ugolin s’est tu. Calme plat.

Suis-je convaincu ? Je n’en sais trop rien. Cependant je me hasarde à placer un dernier mot.