Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/217

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chaises. Tranquillement, comme s’il s’agissait d’un cours très simple, Ugolin s’est penché sur un corps immobile, étendu sur la table. Il tient entre ses doigts une sorte de tube gradué terminé par une aiguille. Il se baisse lentement et je ne puis m’empêcher de sentir un léger froid me parcourir les vertèbres. Et le voilà qui parle, explique, commente ses gestes :

— Voyez… sur l’axe médian de chaque bourse, en évitant soigneusement de trop appuyer sur le scrotum, j’injecte au moins trois seringues de novocaïne. Si j’épargne le scrotum, c’est pour ne pas déterminer cette gangrène sèche dite le sphacèle. L’injection est donc sous-scrotale. De plus, l’anesthésie ne porte que sur une bourse à la fois et j’isole le testicule voisin grâce à une compresse.

Courbé sur mon oreille, l’extraordinaire Ciron, que je ne savais pas si facétieux, me murmure :

— La bourse ou la vie.

Je n’ai nulle envie de rire. Le spectacle d’Ugolin opérant un être vivant fait de douleur et de nerfs comme moi, me séduit et me répugne tout à la fois. Ugolin me fait peur. Et je tends le cou, éperdument, à me le briser, pour ne rien perdre de ses gestes et de ses paroles.

Il a posé le tube et s’arme d’un bistouri. Ses deux aides guettent ses ordres. Ils lui passent un bocal.

— Ceci, dit Ugolin, est un testicule frais, fixé dans le liquide picro-formol acétique. L’ovoïde testiculaire a été débité en six morceaux. J’opère maintenant sur le receveur et je prépare la nidation. Suivez-moi. Premièrement : sections des tuniques scrotale, dartoïque,