Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous. On finit toujours par frapper à ma porte. Je suis la bonne hôtesse accueillante et sans rancune. Si je n’étais pas là pour panser les blessures, calmer les douleurs, laver les plaies, préparer le grand lit de repos, que deviendriez-vous, pauvres êtres promis au bagne de la vie à perpétuité ? Et je possède surtout cet attrait sur les cœurs et sur les âmes : le Mystère. J’incite le malheureux, bâti de chair et marqué de sensibilité, au rêve qui soulage, qui console. Je suis Celle qui aide à vivre. Sans moi, il n’y a plus rien que la vie sinuant dans le labyrinthe de l’éternité, c’est-à-dire une autre forme de la mort, la mort sans repos, la mort que l’on sent, la mort que l’on sait. Enfant, pétri d’orgueil, renonce dans mon sein. Que t’importent les Êtres — ces combinaisons provisoires d’éléments aveugles — prétendant à la conscience parce qu’ils perçoivent vaguement certains rapports imprécis entre les choses !… » Et comme elle disait vrai… comme elle disait vrai !… Je me suis mis à ses pieds et je l’ai suppliée de me pardonner.

Une douloureuse inquiétude chemine en moi pendant qu’il parle. Est-ce bien Ugolin que je viens d’entendre ? Ugolin ? Monsieur Nihil ? Oui, l’homme qui pérore est toujours le même. Il n’a rien abandonné de ses certitudes.

— La mort, fait-il, d’une voix plus grave, c’est le vrai sommeil sans cauchemars, la paix absolue sans trous. Comment avons-nous pu la craindre ? Car nous l’avons chassée, écartée de nous et, maintenant, nous n’avons plus la force de nous jeter entre ses bras. Je vous vois d’ici, pitoyables Éternels, décrépits par