Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/317

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les membres de l’Élite, tenaillés par une terreur invincible, s’enfuyaient de toutes parts, affolés, se bouchant les oreilles pour ne plus entendre le fracas des explosions. Un bruit sinistre courait dans tous les rangs, répété par tous les échos : Ugolin est mort ! Ugolin est mort ! Comme il l’avait promis, le petit vieux, le prodigieux petit vieux dont le génie perturbait l’univers et les lois naturelles, s’en était allé, sans un salut, sans un mot… à la seconde voulue.

Ugolin parti. La fin. La fin !…

Et la Mort ! Allons, frère, il va falloir y songer un peu à la Camarde. Mourir, il est question de mourir, l’Éternel ! Mais cette perspective ne m’effraie plus. J’en ai assez. J’ai trop vécu, trop pour ce que vaut la vie. Et mourir, c’est une manière de rajeunissement.

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Tout de même, voilà une société qui fout le camp. Qu’est-ce que cela va donner. Pour le moment, ça se passe exactement comme la fois précédente. Des proclamations aux neutrides et aux stérilisés, des promesses de liberté, de sécurité, de bien-être. De la haine et des menaces autour des maîtres déchus. Des exécutions. Mais je dois constater que les révolutions ont gagné en promptitude et en doigté. Les nouveaux Jeunes ont réalisé l’escamotage avec une surprenante dextérité. Seulement, il y avait Ugolin derrière. Ceci est encore l’œuvre d’Ugolin. Ugolin. Toujours Ugolin.

Trois jours j’ai patienté, me demandant, sans la moindre inquiétude, ce qu’on allait faire de moi, le vieux Jeune. Un mouvement dans la maison me tira de mon recueillement. J’entendais des voix. Je poussai