Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les inspecteurs de la Sûreté s’approchèrent de la maison. Ils s’étaient confectionné des boucliers avec des plaques de tôle. Bien leur en prit. Ils n’étaient pas à deux mètres de la maison que des coups de feu retentirent à nouveau. Les inspecteurs reculèrent. Deux d’entre eux étaient légèrement blessés.

La résistance s’affirmait acharnée. On raconta, par la suite, que M. Lépine avait eu son chapeau éraflé par une balle.

Et, du dedans, la même voix qui lançait :

— Assassins !… Assassins !…

Parmi ceux qui se pressaient dans l’immense foule, noyés dans l’horreur, nul ne devait plus jamais oublier ce spectacle formidable de deux hommes luttant jusqu’au bout contre des légions d’adversaires, non seulement avec courage, mais encore avec rage.

Mais il y eut un aspect odieux de ce spectacle émouvant. Des messieurs en tenue de soirée, des dames en robes décolletées, des jeunes gens munis de provisions qu’ils déballaient sur l’herbe, s’entassaient pour assister à l’hallali. Ils venaient là en habitués des petits jours blêmes de la guillotine. Éternelle ruée des chacals.

Et, à voir ces honnêtes gens, dans la lumière sautillante des torches, sous le jet des phares d’automobiles et la lueur des lanternes, tels des fantômes gesticulants et grimaçants, on se demandait quels étaient les véritables bandits, de cette tourbe sans viscères ou des deux autres.