Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/143

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être la noce aussi. Je ne connais pas le futur ; mais, à force d’intrigues, j’ai contribué à en écarter un autre qui me déplaisait, quoique très-exceptionnable sous beaucoup de rapports. Il n’était pas assez grand de taille ; il avait, d’ailleurs, cinq ou six grandesses accumulées sur un petit corps. Cette action-là est une preuve de mon amélioration. Autrefois, les ridicules des autres m’amusaient ; maintenant, je voudrais les épargner à presque tout le monde. Je suis aussi devenu plus humain, et, lorsque j’ai revu des courses de taureaux, à Madrid, je n’ai pas retrouvé mes émotions de plaisir de dix ans plus tôt ; et puis j’ai horreur de toutes les souffrances et je crois aux souffrances morales depuis quelque temps. Enfin, je tâche d’oublier mon moi le plus possible. Voilà, en peu de mots, la liste de mes perfections.

Ce n’est pas par vanagloria que je voudrais être académicien. Je me présenterai un de ces jours, et je serai black-boulé. J’espère avoir assez de constance et de fermeté pour prendre bien la chose et pour persister. Si le choléra revient, j’arriverai peut-être au portefeuille. Non, je n’ai nulle vanagloria. Je vois les choses peut-être trop po-