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LXXXVII

Perpignan, 14 novembre.
 

Vous aviez été si longtemps sans m’écrire, que je commençais à être inquiet. Et puis j’étais tourmenté d’une idée saugrenue que je n’ai pas osé vous dire. Je visitais les arènes de Nîmes avec l’architecte du département, qui m’expliquait longuement les réparations qu’il avait fait faire, lorsque je vis, à dix pas de moi, un oiseau charmant, un peu plus gros qu’une mésange, le corps gris de lin, avec les ailes rouges, noires et blanches. Cet oiseau était perché sur une corniche et me regardait fixement. J’interrompis l’architecte pour lui demander le nom de cet oiseau. C’est un grand chasseur, et il me dit qu’il n’en avait jamais vu de semblable. Je m’approchai, et l’oiseau ne s’envola que lorsque j’étais assez près de lui pour le toucher. Il alla se poser à quelques pas de là, me regardant toujours. Partout où j’allais, il