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CVI

Avignon, 5 septembre 1845.

Je remercie ces gens malades qui vous retiennent à Paris. Je vous remercie encore plus vous-même, si vous pensez moins à leurs rhumatismes qu’au plaisir que vous me ferez en restant. Suivant toute apparence, je serai de retour dans une quinzaine de jours, ou plutôt je ferai une halte dans mes foyers, entre mon voyage du Midi et celui du Nord ; le second sera, j’espère, des plus courts et vous ne vous en apercevrez sans doute pas. Je me réjouis de vous savoir en si bonne santé. Pour moi, je n’en puis dire autant. Je suis souffrant depuis mon départ ; j’avais compté sur le beau temps et sur le soleil du Languedoc pour me remettre ; mais il est demeuré sans effet. Aujourd’hui, je reviens accablé de fatigue d’une très-longue course, où j’ai fait plus de mauvais sang que je n’en fais ordinairement quand vous ne vous en mêlez pas. Je suis tout étourdi et je