Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/301

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amants n’a pas la moindre idée de ce que nous nommons galanterie. Les amants ne sont, à vrai dire, ici que des maris non autorisés par l’Église.

Ils sont les souffre-douleur des maris véritables, font les commissions et gardent madame quand elle prend médecine. Il fait si froid, que je n’irai pas à Tolède comme je me l’étais proposé. Il n’y a pas de taureaux par la même raison. En revanche, on annonce force bals qui m’ennuient fort. J’irai après-demain chez Narvaez, où je verrai probablement Sa Majesté Catholique. Vous pouvez m’écrire ici, si vous me répondez courrier par courrier ; sinon, à Bayonne, poste restante. Je pense quand je m’ennuie, c’est-à-dire tous les jours, que vous viendrez peut-être me voir à mon débarquement, et cette idée me ranime. Malgré votre infernale coquetterie et votre aversion pour la vérité, je vous aime mieux que toutes ces personnes si franches. N’abusez pas de cet aveu.

Adieu.