Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/374

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été de la Saint-Martin qui ne vient jamais. Il est probable que, si vous me mandiez vos commissions, je recevrais votre lettre à temps pour y faire honneur. Malheureusement, je ne sais pas trop ce qu’il y a de bon dans ce pays-ci. Je vous ai pris à tout hasard des mouchoirs d’un dessin fort laid ; mais il m’a semblé que vous vous étiez assez allègrement emparée d’un ces mouchoirs qui me venait je ne sais d’où. Ici, on ne voit plus guère que des costumes français. Hier, aux taureaux, il y avait des chapeaux. Voulez-vous des jarretières et des boutons ? Si l’on en porte encore, dites-moi ce qu’il vous en faut, mais ne perdez pas de temps pour me répondre. — Je lis Wilhelm Meister, ou je le relis. C’est un étrange livre, où les plus belles choses du monde alternent avec les enfantillages les plus ridicules. Dans tout ce qu’a fait Goethe, il y a un mélange de génie et de niaiserie allemande des plus singuliers : se moquait-il de lui-même ou des autres ? Faites-moi penser à vous donner à lire à mon retour, les Affinités électives. C’est, je crois, ce qu’il a fait de plus bizarre et de plus antifrançais. On m’écrit de Paris pour me vanter un livre d’Alexandre