Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/377

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les remplacent. Vous seriez réjouie de voir les chefs-d’œuvre des couturières de cette capitale. Je suis allé il y a quelques jours passer cinq à six heures à Aranjuez, chez un loup-cervier de mes amis, M. Salamanca. C’est le garçon le plus spirituel et le meilleur diable que j’aie rencontré. Il gagne beaucoup d’argent, comme il semble, et le fait rouler noblement. Il trouve le temps de faire des affaires et de la politique, car il a été ministre et le sera encore, s’il veut. Tout dans cet homme sent l’Andalousie, c’est la grâce même. Nous avons eu le 15, pour la fête de Sainte-Eugénie, un bal à l’ambassade de France où a paru madame ***, femme du ministre des États-Unis, avec un costume à faire crever de rire. Velours noir bordé de galons, d’oripeaux, et diadème de théâtre. Son fils, qui a l’air d’un maroufle, s’est fait renseigner sur la solidité des personnes présentes, et, après avoir pris ses informations, a envoyé un cartel à un duc très-noble, très-riche, fort niais et désireux de vivre longtemps. Les pourparlers durent encore, mais il n’y aura pas mort d’homme.

Adieu.