Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/385

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grand nombre de gens bien vêtus, les femmes très-jolies et très-blanches, habillées comme à Paris, si ce n’est qu’elles exhibaient moins d’épaules et qu’avec des robes de bal elles avaient des brodequins marrons. On a chanté fort mal et des airs d’opéra-comique ; puis une grande femme très-parée, de la haute, a fait la quête dans une coupe de cristal. Je lui ai donné vingt francs, ce qui m’a valu une révérence en fromage des plus gracieuses. À minuit, on m’a ramené chez moi, où j’ai très-mal dormi et même pas du tout. À huit heures, le lendemain, on est venu me chercher pour présider une séance non politique, et j’ai entendu le procès-verbal de la veille, où il était dit que j’avais parlé très-éloquemment. J’ai fait un speech pour que le procès-verbal fût purgé de tout adverbe, mais inutilement. Enfin, je suis remonté en malle-poste et me voilà : tout serait au mieux si je pouvais passer une bonne journée avec vous pour me remettre. — Je ne crois pas à vos impossibilités. Je garde mes doutes et mon chagrin. Mon ministre voudrait que j’allasse à l’Exposition de Munich. Je n’en ai pas trop envie ; mais où aller cette année, si ce n’est en Alle-