Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/391

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mange toute sorte de choses très-extraordinaires, entre autres des champignons crus marinés qui sont excellents et des oiseaux de montagne idem ; tout cela ne m’empêche pas de souhaiter beaucoup votre présence. Selon toute apparence, vous vous trouvez à merveille à D…, sans songer aux gens malheureux qui errent en Bohême. Votre sublime indifférence, vraie ou fausse (c’est ce que je n’ai pas encore pu savoir), m’irrite beaucoup. Vous ne pensez aux gens que lorsque vous les voyez. Je suis dans une grande incertitude quant à ce que je ferai. Si j’avais l’assurance de vous faire enrager en restant longtemps à Vienne, je m’y installerais pour Dieu sait combien de mois ; mais vous n’en perdriez pas une bouchée, et je crains fort de m’ennuyer mortellement de leur gemüth. Il est donc probable que je ne resterai à Vienne que juste assez longtemps pour voir les étrangetés, c’est-à-dire environ les derniers jours du mois. Vers le 1er octobre, je pourrais être à Berlin, et, avant le 10 ou le 12, à Paris. — Je suppose que vous m’avez écrit à Vienne, pour me dire ce que vous faites et ce que vous comptez faire ; cela aura une grande