Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tête aux gens du pays. Cela commence par quelque chose de très-lugubre et finit par une gaieté folle et qui gagne l’auditoire, lequel trépigne, casse les verres et danse sur les tables. Mais les étrangers n’éprouvent pas ces phénomènes. Enfin, et je garde le plus beau pour la fin, j’ai vu une collection de vieux bijoux magyars, d’un travail merveilleux. Si j’avais pu vous en apporter un, vous seriez venue jusqu’à Cologne, pour l’avoir plus tôt.

Parmi toutes ces courses, je me porte à merveille ; le temps est admirable, mais froid le soir. Je ne crains pas le froid pour ma route, car j’ai acheté une pelisse énorme pour soixante-quinze florins. Vous trouveriez ici pour rien des fourrures magnifiques. C’est, je crois, la seule chose à bon marché en ce pays. Je m’y ruine en fiacres et en dîners en ville. L’usage est de payer son dîner aux domestiques ; on paye le portier en sortant, enfin on paye partout, pas grand’chose à la fois, il est vrai. Adieu ; je ne suis pas trop content de votre dernière lettre, sinon de ce que vous m’annoncez votre prochain retour à Paris. Bien que je n’aie pas de chaînes magyares, j’espère que vous