Page:Mérimée - Carmen.djvu/185

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un peu fatiguée. Nous reviendrons bientôt vous voir. Elle se leva, et Max se leva comme son ombre. Arsène lui dit adieu sans presque le regarder.

— Je suis contente de vous, Max, dit madame de Piennes qu’il avait accompagnée jusqu’à sa porte, et d’elle encore plus. Cette pauvre fille est remplie de résignation. Elle vous donne un exemple.

— Souffrir et se taire, madame, est-ce donc si difficile à apprendre ?

— Ce qu’il faut apprendre surtout, c’est à fermer son cœur aux mauvaises pensées.

Max la salua et s’éloigna rapidement.

Lorsque madame de Piennes revit Arsène le lendemain, elle la trouva contemplant un bouquet de fleurs rares placé sur une petite table auprès de son lit.

— C’est M. de Salligny qui me les a envoyées, dit-elle. On est venu de sa part demander comment j’étais. Lui, n’est pas monté.

— Ces fleurs sont fort belles, dit madame de Piennes un peu sèchement.

— J’aimais beaucoup les fleurs autrefois, dit la malade en soupirant, et il me gâtait… M. de Salligny me gâtait en me donnant toutes les plus jolies qu’il pouvait trouver… Mais cela ne me vaut plus rien à pré-