Page:Mérimée - Carmen.djvu/304

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ALEKO.

Telle n’est pas mon humeur. Je ne renonce pas à mes droits sans dispute, ou, du moins, je goûte le plaisir de la vengeance. Non ! Je rencontrerais au bord de la mer mon ennemi endormi, près d’un gouffre sans fond, que je sois maudit, si mon pied ne le poussait dans l’abîme ! Il serait à ma merci, sans défense, je le précipiterais dans les flots, j’insulterais à l’épouvante de son réveil, je jouirais de son agonie, et longtemps le bruit de sa chute retentirait à mon oreille et me serait un souvenir de joie et de risée.


UN JEUNE BOHÉMIEN.

Encore un seul, un seul baiser !

ZEMFIRA.

Adieu ! mon mari est jaloux et méchant.

LE JEUNE BOHÉMIEN.

Un seul, mais plus long, pour adieu…

ZEMFIRA.

Adieu ! J’ai peur qu’il ne vienne…

LE BOHÉMIEN.

Dis, quand nous reverrons-nous ?