une exception en faveur de ***, surtout quand il développe ses plans politiques. »
— « Vous m’accorderez également, » poursuivit Thémines, « que madame de Coursy est une femme d’esprit s’il en fut. »
Il y eut un moment de silence. Saint-Clair baissait la tête et s’imaginait que tous les yeux étaient fixés sur lui.
— « Qui en doute ? » dit-il enfin, toujours penché sur son assiette et paraissant observer avec beaucoup de curiosité les fleurs peintes sur la porcelaine.
— « Je maintiens, » dit Jules élevant la voix, « je maintiens que c’est une des trois plus aimables femmes de Paris. »
— « J’ai connu son mari, » dit le colonel. « Il m’a souvent montré des lettres charmantes de sa femme. »
— « Auguste, » interrompit Hector Roquantin, « présentez-moi donc à la comtesse. On dit que vous faites chez elle la pluie et le beau temps. »
— « À la fin de l’automne, » murmura Saint-Clair, « quand elle sera de retour à Paris… Je… je crois qu’elle ne reçoit pas à la campagne. »
— « Voulez-vous m’écouter ? » s’écria Thémines. Le silence se rétablit. Saint-Clair s’agitait sur sa chaise comme un prévenu devant une cour d’assises.
— « Vous n’avez pas vu la comtesse il y a trois ans, vous étiez alors en Allemagne, Saint-Clair, » reprit Alphonse de Thémines avec un sang-froid désespérant. « Vous ne pouvez vous faire une idée de ce qu’elle était alors : — belle, fraîche comme une rose, vive surtout, et gaie comme un papillon. Eh bien, savez-vous, parmi ses nombreux adorateurs, lequel a été honoré de ses bontés ? — Massigny ! Le plus bête des hommes et le plus sot a tourné la tête de la plus spirituelle des femmes. Croyez-vous qu’un bossu aurait pu en faire autant ? Allez, croyez-moi, ayez une jolie figure, un bon tailleur et soyez hardi. »