Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous ces originaux-là ? C’est une mystification. Il n’y en a pas un seul qui ait une tournure de conspirateur. On dirait des figures de paravent. — Laissez-moi les faire aller.

La comtesse, bas à Édouard. Édouard, vous me désespérez. (Haut.) Monsieur de Fierdonjon, votre servante.(Bas à Édouard.) Si vous continuez ainsi… (Haut.) Comment vous portez-vous, monsieur de Malespine ? Charmée de vous voir. (Bas à Édouard.) Nous nous brouillerons. — Ce sont mes amis. Promettez-moi de ne pas faire de folies. — N’est-ce pas, vous n’en ferez pas… si vous m’aimez… (Haut.) Messieurs, je vous présente mon cousin.

Édouard, de même. Je serai sage, cousine, puisque vous me défendez les farces.

Le comte. Il ne nous manque plus que Bertrand.

Le chevalier de Thimbray. C’est fort extraordinaire qu’il ne soit pas encore ici. Ce drôle-là nous faire attendre !

Le marquis de Malespine. Pourvu qu’il ne nous manque pas de parole.

Le comte de Fierdonjon. Des Tournelles, savez-vous que vous avez fait preuve d’un peu de légèreté en nous donnant pour associé cet homme-là ? Qui sait si l’on peut compter sur lui ? C’est un paysan, voilà tout.

La comtesse. Il a été major dans l’armée royale.

Le comte de Fierdonjon. Dans l’armée de la Vendée, faute de gentilshommes pour faire des officiers, on était obligé de prendre des manants. Cet homme-là ne me revient nullement ; il chasse sur mes terres sans m’en demander la permission, et je ne puis obtenir de mes gardes de lui déclarer procès-verbal.

Le comte. Vieille habitude de sa part. M. de Kermorgant, dont vous avez acheté les terres à votre retour de l’émigration, lui permettait de chasser chez lui.