Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/401

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Le chevalier de Thimbray. C’est une bonne affaire que vous avez faite là, monsieur de Fierdonjon. Ah ! si j’avais eu des espèces dans ce temps-là, j’aurais acheté aussi des propriétés nationales. Elles étaient pour rien… Ce n’est pas que j’approuve au moins ces infâmes spoliations… Mais le mal est fait, tâchons que nos ennemis n’en profitent pas.

La comtesse. Bertrand a de l’influence parmi les paysans. Si l’on avait besoin d’un coup de main, ce serait un homme précieux. D’ailleurs il a des certificats très-honorables de ses anciens chefs.

Le baron de Machicoulis. On dit que les gendarmes le craignent, et qu’ils n’osent lui demander son port d’armes.

Le comte de Fierdonjon. Allons, messieurs, il n’est pas décent que nous attendions cet homme… commençons.

La comtesse. Tenez, le voici.


Scène IX.

Les précédents, BERTRAND.
(Il tient un fusil à deux coups, et il est suivi d’un gros chien de chasse.)

La comtesse. Bonjour, monsieur Bertrand, camarade Sanspeur, comme vous appelait M. de Bonchamps… vous vous êtes fait attendre.

Bertrand. Excusez, madame ; c’est que j’ai rencontré sur mon chemin une compagnie de perdrix qui m’a fait trotter, trotter… Pourtant en voilà deux… Si madame veut les accepter, cela lui fera un gentil salmis.

Le comte de Fierdonjon Je parie que c’est chez moi qu’il les a tuées.

La comtesse. Merci, je les accepte de grand cœur.