Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/419

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allez-vous ? Restez, vous ne pouvez, vous ne devez pas sortir.

Édouard. Vous prenez la chèvre bien aisément…

La comtesse, à Édouard. Parlez à ce soldat, vos épaulettes lui imposeront.

Bertrand, examinant l’amorce de son fusil. À son chien. Tout beau, Médor ! tout beau, mon fils !

La comtesse. Sanspeur ! pour Dieu ! qu’il n’y ait pas de sang répandu ici. J’en mourrais.

Bertrand, froidement. J’attendrai, pour tirer, que vous me fassiez signe.


Scène XII.

Les précédents, UN GENDARME.

Le gendarme. M. des Tournelles ? Est-ce ici ? Une lettre de la part du préfet.

Édouard. Donnez. Tenez, cousine.

Le gendarme. Voulez-vous me signer mon reçu ? Mettez l’heure.

La comtesse, au comte. Mon ami, signez. Édouard, offrez un verre de vin à monsieur, il doit être altéré. Il est sans doute venu vite.

Édouard, lui versant à boire. Tenez, vous n’avez pas de ce vin-là à la cantine.

Le gendarme. Oh ! non, mon lieutenant. (Il boit.) Monsieur, madame, toute la compagnie… — Eh bien ! père Sanspeur, vous voilà. Prenez garde, le brigadier a dit que, s’il vous attrape encore à chasser sans port d’armes, il vous mettra dedans.

Bertrand. Il n’y a pas de danger.

Le comte, au gendarme. Voici le reçu.

Le gendarme. Bien des remerciements, madame, de votre honnêteté. (Il sort.)