Page:Mérimée - Lettres à une autre inconnue, 1875.djvu/89

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toutes, mais seulement pour celles qui ont du talent, et c’est pour cela que je vous avertis. On se sent entraîné par son rôle, on éprouve une sorte de petit enivrement et on abdique en quelque sorte son individualité pour prendre celle de son auteur. Il semble que cela soit très-bien. Pas du tout ; pour jouer parfaitement, il faut avoir le plus grand sang-froid, pas la moindre illusion ; être prêt à souffler ses camarades ; à leur donner des conseils, à presser ou à retarder le mouvement, selon les dispositions de l’auditoire. En un mot, il faut se gouverner. Peut-être aurez-vous ce talent. Une femme habituée à voir tout le monde à ses pieds, à griffer tous les cœurs, sans que le