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passées que sur des ponts improvisés avec les insuffisantes ressources de la localité ; un parcours obligé entre de grandes lagunes, de vastes plaines de sables, des sols rocheux, des terres noyées, c’étaient là, avec les ressources dont la commission disposait, des obstacles aussi difficiles à vaincre que nombreux et répandus sur toute la route.

Heureusement le problème, qui paraissait presque insoluble, fut résolu d’une manière satisfaisante.

Le charriot construit en fer battu et monté sur deux paires de roues de fonte et deux paires de roues de bois de 0m,20 d’épaisseur, chacune des deux paires différentes tournant sur un même essieu, donna un très bon résultat ; car on obtint ainsi que le charriot roulât tantôt sur des rails, tantôt sur le sol même lorsque celui-ci offrait des conditions favorables.

Les roues de bois, d’un diamètre égal aux roues de fonte à boudin, avec la hauteur du rail en sus et de plus une demi hauteur de la longrine étaient en si bonnes conditions que, lorsque le charriot roulait sur des rails, les roues de bois se trouvaient très peu élevées au dessus du sol et facilitaient la traction ; mais quand on avait à descendre des rampes, même faibles, ces roues, en pressant le terrain qu’on laissait, exprés un peu plus élevé à côté des longrines, servaient de freins puissants ; et quand le charriot, par quelque circonstance imprévue, déraillait, les roues de bois étaient là encore pour empêcher les roues à boudin de s’enterrer dans le sol, ce qui eût rendu plus lent et plus difficile le soulèvement du charriot et le rétablissement de la marche.

Cette combinaison de roues de diamètres différents produisit encore un autre grand avantage, celui de rendre plus simple et plus légère la manœuvre pour faire sortir le charriot des rails et le faire rouler directement sur le sol, quand celui-ci était assez résistant, et pour l’y replacer quand le terrain était mou, humide ou trop pierreux.

Pour ôter le charriot de dessus les rails, la manœuvre consistait tout simplement à abaisser l’extrémité des rails, de façon qu’avant d’arriver au bout de la ligne les roues de bois du charriot commençaient à fonctionner ; dans le cas contraire, il n’y avait qu’à creuser le sol au-dessous des roues de fonte, autant que le permettait la pose de la pointe des rails, de sorte que le charriot, étant poussé en avant, soulevait les roues de bois.

Grâce à cette combinaison originale, plusieurs des difficultés rencontrées dans notre pénible traversée, de Bendégo à Jacuricy, ont été vaincues avec une certaine sécurité et plus ou moins vite.

Dans quelques cas, néanmoins, il a été nécessaire de mettre en pratique l’art du matelot, pour tirer un parti profitable et sûr de