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ERIVAN ET L’ARARAT, ETC.

À 780 kilomètres environ de sa source, l’Araxe rejoint la Koura[1]. Il est fort probable qu’à une époque relativement peu reculée il se déchargeait directement dans la Caspienne ; il tend[2] même, dit-on, à se rejeter vers la droite et à se séparer de nouveau de la Koura.

L’Araxe forme frontière entre la Russie et la Perse sur tout le parcours de son grand arc de cercle, c’est-à-dire de l’Ararat à son entrée dans le steppe de Moughân.

Sa vallée serait dans sa plus grande étendue très fertile, si elle était arrosée ; mais les travaux d’irrigation des grands siècles de l’Arménie sont à peu près ruinés ; les Arméniens semblent aussi mauvais cultivateurs que fins commerçants ; quant aux Tatars ils sont trop nonchalants pour rien entreprendre de difficile. Sans arrosage pourtant, tout périt dans ce climat ; là où les canaux peuvent amener l’eau, naissent de fertiles oasis ; ailleurs c’est le désert. Les Perses qui ont eu le plus grand rôle dans la construction de ces canaux, ont donné à la plupart d’entre eux un cours souterrain, afin d’éviter la trop forte évaporation de cette eau si précieuse.

Les arbres sont rares ; ils ne poussent guère qu’aux environs des villages, et tous sont plantés de main d’homme. Le peuplier pyramidal domine dans le paysage ; on le plante en rangs serrés pour qu’il puisse résister aux vents. Les abricotiers croissent dans les jardins, et les paysans cultivent le riz, la sésame, le ricin[3]. La culture du coton est assez répandue, mais la plante a un aspect misérable.

Les vignes produisent un vin doré excellent que l’on peut

  1. Dans le petit Caucase presque toutes les rivières ont, sur les hauts plateaux, un cours assez tranquille, et ne se transforment en torrents que sur les pentes toujours assez brusques qui séparent les plateaux de la plaine inférieure. Comme je l’ai déjà dit, on peut écrire indifféremment Kour ou Koura.
  2. Hypothèse de Bær de Saint-Pétersbourg (Cf. Buchan-Telfer, I, 254).
  3. Le ricin qui atteint de belles dimensions, fournit dans ces pays l’huile à brûler. J’ai lu, dans E. Reclus si je ne me trompe, la description d’un très bel arbre l’ölbond qui doit être assez fréquent dans le bassin de l’Araxe ; c’est une sorte d’ormeau greffé. Je pense que les renseignements de Reclus doivent être exacts, mais je n’ai aucun souvenir positif d’avoir vu cet arbre.