Russie maintient au Caucase une armée dont l’effectif est notablement supérieur à celui de toutes les troupes européennes des Indes[1]. Le budget de la guerre marche en première ligne et ses exigences non seulement absorbent les revenus, mais accentuent constamment le déficit. Il est donc naturel que dans ces circonstances, on puisse faire peu pour le développement du pays[2].
Toutefois la question des dépenses militaires pourrait n’être que transitoire ; elle ne constitue donc pas le grand inconvénient du système.
À mon sens, le voici :
Le système militaire russe produit des résultats étonnants lorsqu’il s’agit de donner une première organisation à un pays barbare récemment conquis. Dans ce cas la discipline et l’unité de commandement simplifient toutes choses et font des merveilles. Il suffit de prendre pour exemple l’œuvre des Russes dans la Transcaspienne.
Mais quand le pays conquis est pacifié et ouvert à la civilisation, l’administration militaire fait place à l’administration civile.
- ↑ Les Russes ont trop de troupes au Caucase ; les Anglais, je le crains, en ont trop peu aux Indes.
- ↑ Je rapporte ici, en faisant toutes réserves, relativement aux chiffres qui ont dû changer énormément depuis, les renseignements suivants donnés par E. Reclus, Géogr. vi,
299. « Le budget de la Caucasie qui était en 1878 de 6 750 000 roubles pour les
recettes, fait partie du budget général de l’empire. La Transcaucasie seule, y compris le Daghestan, a un budget général qui s’accroît d’année en année* et qui
suffirait amplement aux dépenses locales, si l’entretien d’une armée considérable
dans les places de la frontière ne doublait, et dans quelques années ne quadruplait
les frais et n’augmentait le déficit. Ce déficit qui varie de 18 à 40 millions de roubles
en temps de paix, s’est élevé jusqu’à 57 millions en temps de guerre. En 10 ans de 1869
à 1878, l’ensemble du découvert n’a pas été moindre de 343 131 005 roubles. Dans
toute la Transcaucasie, le budget total des dépenses devant servir au développement
ultérieur du pays, soit pour l’enseignement, soit pour la construction des routes,
l’entretien des bois, l’introduction des colons, ne dépasse guère 1 800 000 roubles. »
Je crois que ce dernier budget a été notablement augmenté depuis la publication
de l’ouvrage de Reclus, 1881.
Recettes générales de la Caucasie en 1878
16 339 703 roubles Dépenses71 660 325 » Déficit55 320 662 » * Recettes de la Transcaucasie.
1870 5 358 470 roubles. 1880 8 784 980 roubles (Chabrow, Kavkazskiy-Kalentlar).