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CHAPITRE VII

Aux plaintes que nous faisions sur ce sujet à un haut personnage, celui-ci répondait que la Russie n’est nullement hostile aux ecclésiastiques étrangers, mais que les prêtres catholiques de Russie, qui sont pour la plupart Polonais ou Géorgiens, identifient la religion avec la patrie perdue, et forcent par là le gouvernement à sévir.

J’ignore ce que l’on entend par « ne pas être hostile aux ecclésiastiques étrangers » ; ce que je sais, c’est que toutes les communautés catholiques dirigées par les Européens, qui existaient autrefois en Géorgie, ont été brutalement dissoutes par les Russes. Après les marques de défiance données envers M. G(h)yvernatte et l’empressement avec lequel on nous a expulsés, je me demande comment agirait le gouvernement s’il était « hostile » aux ecclésiastiques étrangers[1] ?

Je n’ai pas connu de prêtres polonais ; je n’oserais par conséquent me prononcer sur l’accusation portée contre eux. Quant aux prêtres géorgiens que j’ai vus à Tiflis, je puis affirmer qu’ils sont des hommes fort pacifiques, et que, s’il y a des difficultés, elles viennent du despotisme gouvernemental et des vexations des employés. Quel danger peut d’ailleurs faire courir au Tzar la minuscule communauté catholique géorgienne ? et ne serait-il pas de bonne politique de fermer les yeux au besoin sur un inoffensif culte des souvenirs ?

Si le gouvernement a vraiment la loyauté d’intentions qu’il affiche, il faut avouer que les questions religieuses sont alors le seul terrain où, aidés de l’esprit d’intolérance russe, les employés osent de leur propre initiative aller de l’avant dans la voie des mesures de chicane et souvent de violence.

Quant aux églises schismatiques, géorgienne et arménienne, la

  1. Les Russes sont au demeurant fins politiques ; lorsqu’il y a quelques années un prêtre français occupant une haute position et ayant un très grand cercle de relations influentes, fit un voyage en Russie, toutes les mesures avaient été si bien prises, il fut toujours si bien accompagné par d’officieux amis, qu’il revint convaincu du libéralisme russe. Les Russes ne voulaient pas autre chose ! et ils font encore aujourd’hui des gorges chaudes de l’affaire.