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CHAPITRE VIII

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sans soucis[1]. Levés à trois heures du matin, nous attendons vainement nos nouveaux tchervadars, qui ne paraissent qu’à six heures ; le bagage est lestement chargé, et nous nous mettons en marche à travers le bazar déjà animé à cette heure.


21 Septembre.

Arrivés à la porte de la ville, on nous arrête net au nom de la douane, en nous signifiant en même temps que le reçu de Djoulfa n’a aucune valeur pour ces Messieurs de Khoï ! Vous croyez peut-être que l’on va nous faire retourner en ville pour subir la visite des bagages ? point du tout ; on nous tient en place à crier, à gesticuler, que sais-je ? Au fond, tout était affaire de backschich et la chose se fut vite arrangée sans notre maudit Serghis, qui, déjà ivre à cette heure matinale, insulte les gens.

M. Nathanaël part pour la douane ; au bout d’une heure d’inutiles demandes, il revient sans rien de conclu. Nous allons, lui et moi, chez le gouverneur, laissant Hyvernat à la garde du bagage. Nous avions, la veille, commis la faute insigne de ne pas faire visite à ce personnage ; il me faut donc lui tourner des excuses et n’aborder le sujet qu’après d’interminables banalités. Le gouverneur parle français, a vécu beaucoup en Europe, et paraît s’ennuyer mortellement à Khoï : il connaît bien Nazare-Agha, l’appelle son bon ami, mais semble animé de la plus « tendre » jalousie envers lui.

Je lui expose notre cas ; il envoie un homme à la douane ; on fait répondre que la chose ne regarde pas le gouverneur ; que si nous ne voulons pas ouvrir le bagage, nous aurons à payer une livre turque par charge. Le gouverneur prend un air contrarié et nous renvoie à la douane. Là j’exhibe de nouveau la lettre de

  1. Il est très instructif de voir combien les Orientaux (d’autres en feraient sans doute autant) abusent des voyageurs dès que ceux-ci se montrent ignorants des usages. Nos zabtiés nous avaient accompagnés pendant deux jours. 20 piastres par tête eussent fait un riche backschich. M. Nathanaël, dans sa générosité, veut nous faire donner une livre turque à chacun. Ébranlés par ses raisonnements, nous offrons une demi-livre ; les zabtiés refusent et réclament davantage ! Ils avaient flairé notre ignorance ! Plus tard les zabtiés auxquels nous donnions, en faisant remarquer notre générosité, ne fût-ce qu’une piastre au delà de la somme ordinaire, ne savaient assez nous remercier !