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DE DJOULFA À OURMIAH

de quelque instruction et qui fut jugé capable d’être le père spirituel de la société naissante. Il l’envoya près du Patriarche de Môsoul pour être ordonné. Lorsqu’il revint, sa maison servit de chapelle aux Catholiques. L’intolérance des Nestoriens au milieu desquels ils vivaient, les obligeait au secret, et ils le gardèrent si religieusement que durant vingt années consécutives leur Église put se consolider et s’étendre à l’insu de tous les profanes. Enfin l’évêque nestorien, Mar Isaïe, découvrit le mystère, et l’heureux changement opéré dans son village lui ouvrant les yeux, il alla dans la Géorgie à Akhaltzikhé faire son abjuration entre les mains des missionnaires, puis il retourna à Khosrâva convertir le reste de ses ouailles[1].

La mission de Khosrâva fut fondée par les Lazaristes en 1844 ; mais je me propose de parler de ses origines à propos de la mission d’Ourmiah.

Les établissements des Lazaristes sont groupés autour de la place du village, tout près de l’église chaldéenne. Comme toute demeure orientale dont la vie est concentrée à l’intérieur, ils ne présentent au dehors qu’un grand mur de pisé d’aspect triste. Lorsque l’on a franchi le porche, la première pièce que l’on rencontre, faisant face à la loge du portier, c’est le Diwan-Khaneh, ou salon de réception (littéralement, place du jugement ; le mot s’appliquait d’abord au diwan-tribunal des hauts fonctionnaires ; mais il a passé complètement dans la vie ordinaire). Du diwan l’on pénètre dans une grande cour où donnent les communs ; cette cour sert aux séminaristes de préau de récréation pendant l’hiver, et c’est là que se trouve la chapelle de communauté, isolée des autres bâtiments.

Au fond de cette cour, faisant face à l’entrée, le bâtiment principal de la mission ; c’est une grande maison de forme rectangulaire, à un étage sur rez-de-chaussée, solidement bâtie et dont les maçonneries en briques crues ont été consolidées par

  1. Boré, Correspondance, ii, 256.